Abstraite, expressionniste, je joue avec la peinture et toute la souplesse que permet l’huile : je gratte pour réétaler plus loin, je fais couler pour mettre de l’aléatoire, je tourne ma toile pour pouvoir mettre en valeur des formes que je débusque. Je joue avec une matière qui tient compte des traces passées, les laissant tantôt apparaître, tantôt disparaître. Je suis dans mon monde, le temps n’existe plus. Oubliant les rêves évanouis…
« Je joue. J'essaie des combinaisons de formes, je cherche des relations entre des matériaux qui n'en ont pas, sans bien savoir où je vais, jusqu'au moment où je pense avoir trouvé une solution, un équilibre, alors je m'arrête. Cette dimension du jeu est essentielle (...). Jamais je ne commence avec une idée préconçue (...). Ce qui demeure aujourd'hui de liberté, dans un monde où tout se calcule, où tout se mesure, où tout se définit, réside pour moi dans cet indéfinissable pouvoir de la créativité. Ce qui échappe au calcul : voilà qui est pour moi essentiel, voilà à quoi il faut œuvrer. (...) C'est terrible de faire d'un poème ou d'une œuvre une chose utile ! L'inutile est notre fortune ». (Adonis)
« Ce qui se passe dans chaque toile correspond à un long voyage auquel sans cesse des choses nouvelles s'ajoutent, des nouvelles idées. Dans la mesure du possible j'essaie d'oublier l'obsédant souvenir que je porte en moi et qui était au départ du travail. Un jour, au terme d'un long périple, il se trouve que le tableau est terminé. La peinture est là ». (Kirkeby)